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LES CHERCHEURS DE « MACHABÉS »

La désignation du noyé par le mot « machabé » n’est peut-être pas très-respectueuse, mais nous sommes obligé de laisser à chaque métier tout son pittoresque, même dans l’horrible. D’ailleurs, l’expression est bien connue et employée un peu partout, en France. Quel est le créateur du mot ? Nous l’ignorons ; mais c’est certainement un homme peu ordinaire et qui avait fait des études classiques.

Ceux qui lisent la chronique locale de nos journaux ont vu sûrement des centaines de fois un entrefilet débutant ainsi :

« La série des suicides continue. Hier, un sieur X… s’est jeté à la Seine, etc… »

Ou bien encore : « Un bien triste accident s’est produit hier à la hauteur du quai… Un homme est tombé à la Seine, en déchargeant un bateau… »

Deux ou trois fois par semaine, le même entrefilet qu’on essaye de varier dans la forme, mais qui dans le fond est le même, apparaît aux lecteurs. Ce qui permet d’établir une statistique d’au moins 130 ou 140 noyés par an, à Rouen, dans la Seine.

L’administration municipale payant 6 fr. chaque cadavre retiré du fleuve, il est facile