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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/200

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bourses et les petits salons, une imitation — polychrome — du panache qu’on aime tant en France.

Le chercheur de machabés ne se gêne pas non plus pour offrir aux jeunes gens, malgré les règlemens municipaux, des bains froids en pleine eau. Presque toujours, il n’y a pas d’accident et le possesseur de la barque gagne dix ou quinze sous. Quand, par hasard, son client se noye, l’industriel peut se consoler en le repêchant et en passant le lendemain an commissariat central.

Il arrive aussi quelquefois, et le fait se présente malheureusement assez souvent à Rouen, qu’à la suite d’un accident fatal en Seine les recherches soient longues pour retrouver le corps. Dans ce cas, le pêcheur de cadavres traite à forfait avec la famille du défunt. On lui verse la moitié de la somme avant qu’il ne commence ses opérations, et le reste lorsque ses recherches sont couronnées de succès.

Détail singulier : l’administration paye 6 fr. pour un noyé et ne donne rien que des éloges ou, quelquefois une médaille, à l’homme qui a retiré vivante de la Seine la personne au secours de laquelle il s’est porté.

Ce qui prouve bien que la vertu puise sa récompense en elle-même, ne manqueraient pas d’ajouter les moralistes.