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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/202

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Qu’un ivrogne s’abatte sur le pavé, il est là et il attend le sergent de ville. Quand ce dernier arrive, il y a presque toujours un rassemblement au milieu de ce que les auteurs classiques appellent « un suppôt de Bacchus. » Le représentant de la force publique (toujours pour parler dans le meme style) a besoin d’un aide pour porter jusqu’au poste le plus voisin le pochard. C’est alors que l’ambulant apparaît dans toute sa gloire. Il prend l’ivrogne par les pieds pendant que l’agent soutient la tête et, le lendemain, l’administration reconnaissante décerne au « porteur de bonne volonté » la modeste somme de 25 sous.

Qu’une rixe éclate entre « soleils, » qu’un délinquant fasse des manières pour aller devant le commissaire, l’ambulant est encore la. C’est le « rempart » volontaire de toutes les polices, simplement parce que cela lui rapporte quelque chose. Il est probable que pour il double, il rosserait le guet.

Quand les affaires ne donnent pas, l’ambulant ne se fait pas un cas de conscience de corriger le hasard. C’est ainsi qu’il grisera a mort un compagnon de rencontre, pour avoir ensuite le bénéfice de l’apporter au violon.

Le commissariat de police devient pour lui un petit mont-de-piété, où l’on prête sur ivrognes.