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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/207

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de leurs adversaires. Mais quand il n’y a pas de lune, les chats se laissent prendre au « miâou » fatal et succombent. Alors, le Gérard les jette tout chauds dans les grandes poches de son pantalon ; une blouse dissimule le tout et la farce est jouée, au grand désespoir des Mer’Michel du quartier.

Quand les affaires vont bien, quand on sait miauler, on peut prendre de la sorte trois, quatre et même cinq chats dans sa nuit. Y a-t-il beaucoup de chasseurs qui tuent autant de lièvres dans leur journée ?

Et maintenant, que fait le Gérard de sa provision ?

Quand il a des cliens, et presque tous en ont, il leur vend l’animal a raison de 75 centimes ou un franc ; en outre, il garde pour lui la fourrure, qui vaut plus cher que la peau de lapin et est même quelquefois achetée a prix d’or par des rhumatisans attachant comme remède, a cette peau, une vertu qu’elle ne possède certainement pas.

Qui se nourrit de ces chats ? Ceci est un mystère que nous nous garderions bien d’éclaircir. Laissons a ceux qui voudraient manger un jour du lapin, dans certains endroits, leurs douces illusions. Il y a des sauces qui corrigent tout et des morceaux savoureux dont il ne faut pas toujours rechercher l'origine.