Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/213

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beaucoup moins simple, à serrer entre leurs doigts des charbons brûlans. Inutile de dire que pour ce dernier exercice il existe un truc. On s’enduit la main d’une préparation que le laboratoire municipal n’a pas encore analysée, mais dans laquelle, à en juger par l’odeur, l’oignon ou l’ail doit entrer en grande quantité. On arrive à mâcher les morceaux de verre sans se blesser : il ne s’agit que de savoir rouler méthodiquement, avec sang-froid, et… avec la langue, des débris de bouteilles qu’on vide préalablement pour se donner du cœur.

Quand on est parvenu à un certain talent, on s’engage à un barnum ou bien on monte une société qui, pour ne pas avoir de capital, ne manque certainement pas d’intérêt. La difficulté pour la société, c’est de pouvoir payer d’avance à la ville la location de quelques mètres carrés de boulevard nécessaires à l’exploitation du métier.

Quels sont les bénéfices du sauvage ? On comprend que tout dépend de l’habileté du barnum, de la bonne apparence de la baraque et de la prédilection du public pour le spectacle qu’on lui offre. Néanmoins, le mangeur de chair crue ne gagne pas moins de 2 fr. ou 2 fr. 50 par jour, ce qui n’est pas mal, on en conviendra, quand tant de braves ouvriers