Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/221

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qu’ils passent, et qui, grâce a leur physique pittoresque, deviennent les enfans gâtés de la foule, cette brave foule aussitôt désarmée lorsqu’elle a un peu ri.

Parfois, deux trouvères se rencontrent dans le même lieu, apprennent à se connaitre, à s’apprécier, et, sans avoir lu les théories de Darwin, s’associent pour la lutte de la vie. C’est de cette petite sélection musicale que sont : issus Goffard et Gamelin.

Goffard et Gamelin ! qui ne les a vus ? qui ne les a entendus ? qui ne les a applaudis ? qui n’a jeté dans le fond de leur chapeau de forme… troublante, comme dirait Stéphane Mallarmé, l’obole due au talent ?

Braves et dignes artistes, qui font oublier aux Rouennais la monotonie des jours de pluie, les embarras de la rue Grand-Pont, l’inanité des séances du conseil municipal et la fermeture de la bibliothèque.

Quand le chanteur paraît, le musicien n’est pas loin, et vice versa. Il faudrait être Paul de Saint-Victor pour décrire le premier ; il faudrait être Victor Hugo pour chanter le second.

Et que l’on n’aille pas croire que les deux associés manquent de talent. L’un dit la chansonnette à ravir et si la romance existait encore, il l’aurait tuée par son ironie. L’autre