Aller au contenu

Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il donne vingt sous, croyant avoir affaire à un chanteur des rues.

Le trouvère refuse, le fonctionnaire insiste : « Je ne prendrai, répond l’obligé, que si vous acceptez de m’entendre. » — Eh bien ! soit ! ce sera à un autre moment.

Le soir, un domestique porte au milieu du dîner une carte au fonctionnaire dont nous parlons. On était en famille et le domestique reçoit l’ordre de faire pénétrer l’intrus.

On voit alors paraître le trouvère de l’après-midi qui, sans gêne et avec le plus grand sang-froid, se met a exécuter deux des plus brillans morceaux de son répertoire.

Stupéfaction générale et applaudissemens mérités. On félicite le musicien, on crie bis, on veut lui donner de l’argent, mais lui, repoussant toutes les offres avec la majesté d’un ancien Romain :

« Toutes mes excuses, monsieur le…, mais à mon grand regret, il faut que je m’en aille, on m’attend chez le père Lapin. »

Et le trouvère se retira avec des salutations du meilleur monde.

Hélas ! au moment où nous tracions ces lignes, Goffard mourait.