Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/230

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Goffard eut fait éclater la salle au milieu du passage le plus dramatique des Huguenots !

Il joua un jour un rôle politique bien amusant. Des électeurs républicains avaient eu l’idée géniale de l’envoyer chanter les louanges, mises en vers, de leur candidat, dans un canton de la Seine-Inférieure. Goffard, mû par on ne sait quelle idée, modifia les paroles avec une verve endiablée, tourna en dérision le candidat qu’il était chargé de défendre, et fit élire celui qu’il était chargé de combattre.

Il eut un succès prodigieux !

Il dort aujourd’hui dans la paix éternelle ; son violon est muet ; le registre de l’état civil donna à Goffard quarante-sept ans, mais Goffard était comme la vertu, il n’avait pas d’âge. Puisse-t-il être récompensé là-haut des heures de franche gaîté qu’il a fait passer à ses concitoyens !

Nous n’entendrons plus sa grosse voix, nous ne verrons plus sa grosse tête.

Il est mort, parait-il, sans souffrances ; que la terre lui soit légère !