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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/231

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LES RACOLEURS

À notre époque commerciale où tous les moyens de réclame sont bons, le racoleur peut être fier de son métier. Il est, en effet, la réclame vivante et d’autant meilleure qu’elle se cache sous des apparences absolument trompeuses.

Vous êtes assis en tramway à côté d’un monsieur bien mis et dont les façons paraissent des plus correctes. Tout à coup, un voyageur dont le visage est pâle et les traits défaits, se met à tousser à plusieurs reprises. Vous le regardez avec tristesse en songeant à la phtisie, quand votre voisin entame à voix basse la conversation.

— « Le malheureux garçon, a-t-il une mauvaise mine ? — C’était ce que je pensais. — Et dire qu’il existe contre cette maladie un remède souverain. — Vraiment ? — Oui, monsieur, moi aussi je ne voulais pas le croire, mais depuis que ma femme a été sauvée, j’ai bien dû me rendre à l’évidence. »

Et alors il vous donne des détails navrans : une maladie terrible, tous les médecins désespérés ; chaque remède très-coûteux essayé vainement. Ah ! si l’on s’en rapportait à la réclame des médicamens infaillibles !