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un tri des balayures des quais, pour extraire, de toute cette poussière ou de cette boue, les grains de blé ou de maïs qu’il revendra à des petits propriétaires de Quevilly pour la nourriture de leurs poules.

Le « soleil, » le vrai, que nous distinguons complètement de l’ouvrier des quais vivant d’un travail à peu près régulier et d’un salaire assez rémunérateur ; le vrai « soleil, » disons-nous, n’est presque jamais marié ; comme il n’est pas jaloux et ne pourrait l’être, il mène la plupart du temps, avec quelques-uns de ses compagnons, la vie commune avec la même femme et quelle femme !

Cette association, aussi curieuse qu’immorale, comprend parfois sept ou huit membres qui se cotisent pour subvenir à l’entretien en alcool, en pain et en charcuterie, de l’Hélène d’égout qui ne sème jamais ou presque jamais la discorde parmi ses amoureux momentanés.

La première impression du touriste, à Rouen, c’est qu’avec cette lie de la population, les attaques nocturnes y doivent être nombreuses et les rixes fréquentes. Erreur ! les agents de police, fort peu nombreux pour une ville de plus de cent mille habitants,