Aller au contenu

Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27

n’ont à intervenir qu’assez rarement dans des luttes sérieuses ; quant aux agressions nocturnes, elle sont si rares qu’on peut dire qu’elles n’existent pas.

Une fois, cependant, il y a trois ans de cela, les « soleils » se fâchèrent sérieusement ; les paisibles Rouennais furent tout étonnés de voir, pendant deux heures, des barricades sur les quais de la rive gauche ; il y eut même un coup de revolver tiré par… un commissaire de police corse, et le sang coula.

On se trouvait alors en pleine canicule, et les douaniers avaient eu la prétention d’empêcher les « soleils » de percer, pour étancher leur soif, des fûts de vin d’Espagne nouvellement débarqués sur les quais. Les maraudeurs tentèrent un système de conciliation, et déclarèrent que, si on leur octroyait seulement deux tonneaux, ils respecteraient les autres. On refusa, bien entendu ; ils plantèrent alors le drapeau rouge des revendications sociales sur une barrique de vin blanc, et attendirent l’attaque des douaniers, dont le premier fut saisi par eux et jeté à la Seine comme un paquet.

À la suite des arrestations, les « soleils » marchèrent en colonne serrée sur le commissariat de police de Saint-Sever, qui eut, —