Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il vous a valu la couronne ?
Non c’est le chat ?

Déjà un auteur inconnu, décochant à Ferrand l’aîné, auteur-savetier du Savetier de Péronne quelques épigrammes, lui avait prédit, dans le Journal de Rouen, les palmes du triomphe ;

Jouis donc, cher Ferrand, de tes succès divers !
Viens te faire applaudir ! la couronne s’apprête ;
Ta muse, dès ce jour, ne craint plus les revers ;
Les lauriers de Mydas vont croître sur la tête.

De Rouen, le Savetier de Péronne passa au Havre où il fut joué avec Mlle  Le Kain ; là encore on lança à Ferrand des couronnes. « Toute la scène d’Ingouville, dit-il, était descendue ce soir là, à la comédie. La salle était pleine. »

Ce triomphant accueil tourna complétement la tête au malheureux Ferrand : depuis ce jour, une immense vanité s’empara de lui, le poussant à se mettre en scène à tout propos et hors de propos. Il y a peu d’exemples, même parmi les excentriques et les originaux les plus ambitieux, d’un orgueil aussi bouffi, d’une outrecuidance aussi gonflée, avec une naïveté et une sincérité d’un comique aussi