Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/280

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réjouissant. Partout, il est l’auteur du Savetier de Péronne, le fameux Ferrand, rival de Molière. Avec la bravacherie en moins, il y a chez lui, dans l’emportement dithyrambique qui le pousse à s’encenser à tout moment, quelque chose de cet autre Normand, Georges de Scudéry. N’a-t-il pas inventé de se faire figurer dans tous les innombrables à-propos et impromptus dramatiques qu’il a composés par la suite ? Tantôt il y figure sous les traits du poète Duranville ou de l’auteur Dur-en-vers, un pseudonyme qu’il s’est appliqué fort justement ; il s’abaisse jusqu’à paraître en jardinier « avec un bonnet rouge et « une plaude de toile » ; il se déguise même en afficheur. Peu lui importe, pourvu qu’il puisse faire son éloge lui-même, l’éloge du célèbre Ferrand ; « Partout, dit-il, « on m’appelle, on me tend les bras, » Il aime aussi à se comparer à Molière, à Voltaire :

Voltaire, pour premier ouvrage
Fit, une belle tragédie ;
Molière eut un très grand suffrage
À son Tartufe, comédie ;
De nos plus grands auteurs qu’on vante
Ferrand l’emporte bien sur tous.