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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/310

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de cercles multicolores. Disparu l’écrivain imaginaire, Panel, sur lequel Beuzeville a donné quelques notes dans l’Almanach populaire, en 1856, qui, pendant trente ans, tous les samedis, jetait dans la boite du Journal de Rouen un ramassis de notes incohérentes sur les signes du zodiaque. Disparu le vieux père Jean Darius qui, né en 1758, vécut plus de cent ans, tour à tour soldat, puis basse-taille au Théâtre-des-Arts avant de terminer sa carrière à l’Hôtel-Dieu. Disparu le vieux et aimable libraire Durand, dont la physionomie, mille fois reproduite par Bérat, fut aussi curieuse de nos jours parmi le monde littéraire, que l’avait été, au XVIIIe siècle, celle du marchand d’estampes, Lecanu, dont le portrait a été gravé par Houel.

À côté de ses excentriques, de ses maniaques ou de ses visionnaires, la rue a aussi ses figures tristes, d’un grotesque navrant, idiots bizarres, dont elle a fait ses fous, qu’elle habille de ses oripeaux abandonnés, qu’elle nourrit au petit bonheur, et dont elle se réjouit pendant quelques années,