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n’êtes pas des nôtres. Vous vous êtes noirci les mains et la figure, vous avez un pantalon déchiré ; mais cela ne suffit pas ; d’abord ce n’est pas ainsi qu’on porte la casquette. »

Avec deux petits verres, la conversation continue. L’interlocuteur est un ancien ouvrier forgeron ; c’était un garçon modèle, plein d’intelligence et d’habileté. Seulement, petit à petit, « il est tombé dans le vice, » il boit pour se consoler. « Histoires de femmes, » chuchote-t-il. Maintenant, il est « le coq » de la police. C’est un « sale » métier, il le sait bien, « il espionne, » mais que faire ? il faut manger et boire surtout. Ce soir il n’a absorbé qu’un nombre restreint de consommations. Il voudrait bien posséder une « roue de derrière » et nous ferait voir des choses curieuses. « Ici, dit-il, ce n’est pas drôle ; il n’y a que des gens du monde. »

Nous partons bras dessus, bras dessous.

Quelle singulière physionomie présente la nuit cette rue du Pont-de-l’Arquet. Le samedi on y danse toute la nuit, on s’y bat aussi. Il semble que cette voie jouisse d’une tolérance toute spéciale, au grand désespoir des habitans des rues voisines.