Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/32

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auxquelles le sergent de ville, qui se promène dans le carrefour, met fin, quand il ne tourne pas le dos, pour aller un peu plus loin, afin de n’avoir pas à intervenir.

Il y a des bavards parmi les consommateurs ; ceux-là causent politique, et quelle politique ! Ceux-ci chuchotent entre eux ; que disent-ils ainsi a voix basse ! Quel « coup » préparent-ils ?

Du reste, c’est un argot qu’il faut saisir ; mais ce qui est plus difficile à comprendre que l’argot, c’est la voix avinée qui grince comme un instrument faux, ce sont les mots qui sortent difficilement de la gorge et n’ont presque plus de son en passant par des mâchoires édentées.

Un voisin nous adresse la parole ; il croit nous reconnaitre, ce qui nous flatte, et nous demande si nous venons de faire nos vingt-huit jours, parce qu’il ne nous a pas vu depuis longtemps. Nous répondons que nous n’appartenons pas à l’armée. L’interlocuteur nous regarde avec mépris et s’éloigne.

Nous avons su depuis que finir de faire ses vingt-huit jours signifiait sortir de prison. Nous ne sommes plus flatté, du tout.

Quelques instans après un grand gaillard s’approche de nous, et, a voix basse :

« Monsieur, vous avez beau faire, vous