Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/337

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de chanson ou par quelque caricature perdue dans les cartons des collectionneurs. C’est tout d’abord la tribu innombrable des petits industriels du pavé, des gagne-petits de la rue, dont chaque métier en plein vent s’imposait par l’originalité de son boniment, de sa réclame et de son cri d’appel, ayant chacun leur personnalité bien particulière, en tout dissemblable de la banalité du camelot moderne.

Parmi les portraits marquants de ce musée populaire, le marchand de cirage, sans avoir les allures du petit décrotteur dessine par Bouchardon dans les Cris de Paris, était bien l’un des types les plus drôles qui aient amusé la rue vers 1833. C’était un ancien contre-pître de Gringalet, répondant au sobriquet de Bétinet qui promenait son industrie sur une brouette, de place en place et s’installant de préférence soit au bas de la rue Grand-Pont, soit sur la place du Vieux-Marché auprès de l’ancienne fontaine. Un flâneur, un paysan lourdaud passait-il d’aventure, Bétinet, par un boniment habilement préparé, l’engageait à mettre le pied