Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/368

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les plus grandes preuves que sous son enveloppe grotesque se cachait une fort belle âme. « L’hôpital, disait-il à ses derniers moments, est un théâtre comme un autre, mais je ne me croyais pas destiné à venir y jouer une si longue tragédie. » Le 26 juin 1845, à midi, ayant conservé toute sa connaissance, il expira à l’Hôtel-Dieu, dans les bras d’un ami. Son acte de décès porte la mention suivante : « Jean-Marie Brammerel, dit Gringalet, cinquante-six ans et un mois, ouvrier peintre en décors, rue des Crottes, 16. » Tous les artistes, du plus petit au plus élevé, accompagnèrent sa dépouille mortelle jusqu’au cimetière Saint-Maur, où il fut inhumé.

La marotte de Gringalet, le sceptre de la blague qu’il avait longtemps manié devait, après sa mort, tomber entre les mains de son successeur, Décousu, qui joyeusement continua la tradition du boniment avec plus de grimaces et de contorsions, mais certainement aussi avec un esprit moins acerbe et moins sarcastique.