Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/369

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Qui n’a connu la large face rubiconde et épanouie, la trogne truculente et vermeille, ornée de bubelettes cramoisies du célèbre pître Décousu qui, pendant cinquante ans, a fait la fortune de toutes les baraques foraines où il a tenu l’emploi de bonisseur ?

À son aspect, le vaux-de-vire d’Olivier Basselin vous revenait en mémoire :

Beau nez dont les rubis ont coüté mainte pipe
De Vin blanc et clairet,
Et duquel la couleur richement participe
Du rouge et du violet.

Décousu n’était pas de la famille des pîtres lettrés et instruits, sachant accommoder en lazzi ingénieux une érudition factice, comme Bruscambille ou Gringalet, il rentrait plutôt dans la série des pîtres de la vieille roche, ronds et francs, dépourvus d’ambition et donnant tout pour une énorme facétie ou un calembourg inédit. Par sa corpulence, par sa grosse bonne humeur, éclatant en lourdes charges, il appartenait plutôt à la tradition ancienne de Gros-Guillaume ; si l’on