Aller au contenu

Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grand’chose, mais ils applaudissent à outrance ; l’un d’eux s’approche et nous dit à l’oreille, d’un air confidentiel : « Il a eu des malheurs, celui-là, allez ! » Nous le croyons sans peine. Cependant, minuit sonne.

« Allons ! les enfans, il faut partir ou monter vous coucher, » dit le directeur. Il n’y a pas de réclamation ; on paye, on se lève ; les uns gagnent leur lit, moyennant six sous ; les autres se décident à aller passer la nuit à la belle étoile jusqu’au moment où le soleil fera redescendre le lendemain matin les hommes de la carue sur le quai.

Ils ne se doutent pas, ceux-là, des envies qu’ils suscitent ; ils ne savent pas tout ce que leur mauvais lit et leurs couvertures sales ont de luxueux si on les compare au lit de camp des Chauffoirs publics, ces tristes asiles qui ne s’ouvrent qu’à la naissance de l’hiver. Tandis que le Rouen qui s’amuse ne craint plus d’avoir trop chaud au théâtre ou au café ; tandis que les bals s’organisent et que les sportsmen du patin attendent avec impatience l’abaissement de la température qui leur permettra de tracer des arabesques sur la glace, tout le Rouen qui souffre, le Rouen des