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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/49

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Il est vrai qu’aujourd’hui il y a un faible soulagement à tant de misères : les chauffoirs publics. Que celui qui veut se faire une idée de la promiscuité des infortunes pénètre un soir dans une de ces petites constructions jetées par la charité sur le pavé de Rouen ; que celui qui recherche le pittoresque, même dans l’horrible, frappe à cette porte, et tout ce que l’imagination d’un peintre, fût-il Goya, d’un poète, fût-il Baudelaire, peut enfanter, ne sera qu’une ombre à côté de cette réalité.

La construction, légèrement établie, est séparée en deux par un couloir au fond duquel se trouve la loge réservée à deux sergens de ville de garde. À droite, comme un guichet de prison, une lucarne s’ouvre sur le quartier des hommes ; à gauche, c’est le quartier des femmes.

À l’heure de l’ouverture on fait déjà queue devant la petite construction ; les lits de camp n’étant pas en nombre suffisant, c’est à qui arrivera le premier pour avoir le bonheur de dormir sur une planche inclinée au lieu d’être obligé de s’allonger par terre. Au milieu de la pièce, se trouve un poêle brûlant ; l’atmosphère est tiède, lourde, et comme imprégnée