Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/87

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Etait-il assez populaire, l’antique instrument que les arrêtés de police ont tué, par mesure de sécurité, comme si les voleurs avaient besoin de se déguiser en joueurs de musique ambulans, pour s’introduire chez les particuliers qu’ils charmaient, sirènes d’un nouveau genre, par les accens mélodieux de leurs rouleaux en bois d’acajou on d’ébène.

De l’orgue défunt éventré, on fabrique une cage pour faire couver les poules, et on se console de l’ancien compagnon de joie qui n’est plus, en écoutant les accens criards de l’accordéon.

Car, dans ces endroits, l’accordéon triomphe sur toute la ligne ; il y a bien des violons, des crécelles, des guitares, des harpes même quelquefois ; mais tout cela ne vaut pas l’accordéon, surtout quand c’est un Italien ou un Savoyard qui le tient. Dans ce cas, en effet, l’exécutant accompagne la musique en chantant quelque tyrolienne.

La tyrolienne, c’est le succès de l’endroit ; aussitôt la première note lancée, tout le monde se met de la partie ; c’est à qui criera le plus fort, c’est à qui tirera du fond de sa gorge les variations les plus bizarres ; les vieux et les jeunes, les petits enfants eux-mêmes s’en mêlent. Au bout d’un certain temps, les bêtes de la maison semblent, elles aussi,