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Page:Fraigneau - Rouen Bizarre.djvu/86

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rière le corps de bâtiment, une cour plantée quelquefois de pommiers et dans laquelle sont dressées, les unes auprès des autres, des tables grossières auxquelles adhèrent des petits bancs étroits et souvent peu solides. C’est là-dessus qu’on consomme ; on ouvre les paniers ; les sybarites vont chercher des assiettes et des fourchettes dans l’établissement, où l’on vend également des portions de viande ; les autres, ceux qui ne « font pas les dégoûtés, » se servent tout simplement de leurs doigts et ne demandent au restaurant que le litre de boisson, de cidre, la mesure de lait ou la tasse de café. Et pendant que les enfans se dispersent de tous les côtés, se battent à coups de pommes tombées des arbres, les grandes personnes écoutent la musique.

Car il y a des chanteurs, tout comme au café-concert et au « boui-boui, » et des chanteurs avec des instrumens de musique encore.

Pas de piano, par exemple ; le piano ne fait pas assez de bruit, et puis c’est pretentieux. On regrette l’orgue de barbarie ; le bon vieil orgue qu’on tirait de la cuisine, le dimanche et le lundi, et dont, sans façon, la servante de l’établissement se mettait à « moudre, » absolument comme si elle broyait le café avant d’y jeter la pincée de chicorée traditionnelle.