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Page:François De Neufchateau - Méthode pratique de lecture, 1798.djvu/9

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blique dans son premier degré. J’étais déja persuadé qu’il n’est pas adroit de placer dans la main des enfants des livres qu’ils déchirent et qu’ils prennent en haine ; il vaut mieux parler à leurs yeux, et s’adresser d’abord à leur imagination. Ainsi donc ce sont des tableaux qu’il faut leur présenter ; les développements dont ces tableaux sont susceptibles doivent étre l’objet des ouvrages élémentaires réservés pour les maîtres. Je vous communiquais mes vues, et vous me faisiez part des vôtres. Nous gémissions tous deux de la longue torture et des difficultés sans nombre auxquelles l’enfance est livrée dans les deux premiers exercices qui préparent l’instruction, c’est-à-dire dans la manière d’apprendre à lire et à écrire. La manière d’apprendre à lire est principalement si vicieuse et si pénible, qu’elle excite depuis long-temps les réclamations de tous les écrivains sensés. Port-Royal, dans le dernier siècle, a signalé l’abus ; et Gédoyn, dans celui-ci, n’a pas moins attaqué la routine vulgaire, selon laquelle, dit cet académicien, il arrive qu’un jeune homme, après dix-huit ans d’une pareille éducation, très souvent ne sait pas lire.

Cependant au premier coup-d’œil on croirait que rien n’est plus simple, plus trivial et plus