Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/106

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que celui de Monsieur. Un homme à longue barbe, que j’avais pris d’abord pour un juif et qui n’était autre que Truchon[1], ancien détenu de la Bastille pour cause de bigamie, affecta de répéter à tout propos cette qualification. Quelques-uns des municipaux qui, dans cette circonstance, se montrèrent si atroces, parurent depuis repentant de leur conduite, et sincèrement affligés de la captivité du Roi.

Le jour de l’emprisonnement de la famille royale semblait être un jour de fête pour le peuple de Paris. Il se portait en foule autour du Temple, criant avec fureur : « Vive la nation ! » Des lampions placés sur les murs extérieurs du Temple éclairaient leur joie.

Dans la persuasion où était le Roi que désormais le palais du Temple allait être sa demeure, il voulut en visiter les appartements. Tandis que les municipaux se faisaient un cruel plaisir de sa méprise, Sa Majesté se plaisait à faire d’avance la distribution des divers logements.

À dix heures, on servit le souper. Pendant le repas, qui fut court, Manuel se tint debout à côté du Roi. Le souper fini, la famille royale rentra

  1. Truchon était l’ancien président de la Commune du 10 août.