Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/189

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l’intervalle, sousde prétexte que ce jour était la fête de la dame du logis, M. de Rougeville fit acheter un bouquet et le donna à cet officier, qui s’absenta pendant quelques instants ; il plaça avec adresse dans le calice de la fleur un papier roulé sur lequel était écrit : J’ai à votre disposition des hommes et de l’argent.

Sur le soir, le municipal mena M. de Rougeville à la Conciergerie. Introduit dans la chambre de la Reine, cet officier s’aperçut que Sa Majesté le reconnaissait. Après quelques mots indifférents, il feignit de croire que son œillet devait faire plaisir à la Reine, et s’empressa de le lui offrir ; elle l’accepta. Avertie par un coup d’œil d’y chercher ce qu’il renfermait, Sa Majesté se retira dans un coin de la chambre, ouvrit l’œillet, y trouva le papier et lut ce qui était écrit.

Déjà la Reine traçait avec une épingle sa réponse négative, lorsqu’un des gendarmes en faction à la porte du cachot entra brusquement et saisit le papier. Grande rumeur dans la prison ; dénonciation à la Commune et au Comité de sûreté générale. Aussitôt la femme du concierge de la prison et son fils furent arrêtés comme complices. On les enferma au couvent des Madelonnettes ; ils y furent mis au secret ; quelques jours après ils