projet d’offrir à la Reine des moyens d’évasion : C’était un chevalier nommé M. de Rougeville[1]. Une femme aimée du municipal Michonis fut mise dans la confidence, et s’engagea à seconder le projet. Elle redoubla de soins pour le municipal et l’invita à dîner. M. de Rougeville fut du nombre des convives et passa pour un étranger. Pendant le repas, la conversation étant devenue plus intime, on la fit adroitement tomber sur les événements du jour.
— Ce doit être, dit M. de Rougeville, un étrange spectacle qu’une Reine et surtout une Reine de France, enfermée dans un des cachots de la Conciergerie !
— Ne la connaissez-vous pas ? demanda le municipal.
— Non, répondit avec indifférence cet officier.
— Voulez-vous la voir ? reprit le municipal, je peux vous faire entrer dans sa prison.
M. de Rougeville ne montra aucun empressement. Les convives, qui étaient dans le secret, l’invitèrent à accepter la proposition ; il y consentit. L’heure fut prise pour le jour même. Dans
- ↑ On connaît tous les détails de la Conspiration de l’Œillet. ll s’agit ici du fameux Chevalier de Maison-Rouge, en réalité A.-D.-J. Gonzze de Rougeville (1761-1814).