Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/208

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réduites et les distribue dans ses appartements intérieurs.

» À peine arrivé au ministère, je m’occupai de rendre au Roi le cœur d’une partie de ses sujets, et aux protestants la jouissance de l’état civil. J’eus à cet égard plusieurs entretiens avec lui. Frappé des considérations que je lui présentais :

» — Oui, me disait-il, je conviens avec vous que l’humanité réclame la tolérance. La persécution ne convertit point, elle ne fait que des hypocrites et des traîtres. La douceur qui persuade vaut mieux que la sévérité qui aigrit : aussi ne veux-je pas que, pour l’unique fait d’opinion religieuse, aucun Français soit recherché ou puni. Mais la loi qui statue sur le sort des protestants est une loi de l’État. Louis XIV en est l’auteur, les cours souveraines sont d’avis de la maintenir. Ne déplaçons pas les bornes anciennes ; la sagesse les a posées. Défions-nous surtout des conseils d’une aveugle philanthropie.

» J’ai plus d’une fois remarqué que dans les changements proposés au Roi, rien ne l’arrêtait autant que son respect pour les anciennes institutions, et surtout que la mémoire de Louis XIV.

» — Sire, reprenais-je, les temps et les circonstances demandent d’autres mesures. Ce qui fut