Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/21

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Gilles, les Tiolier, les Quatremère de Quincy, les des Michels, les Montarand, les Claparède, les d’Egvilly, les Jurien de La Gravière et les Blanchard de Farges, tout un fragment de cette vieille société royaliste amoureuse du passé ; tremblante de l’avenir qui, fidèlement, venait recueillir sur les lèvres du « serviteur dévoué » le récit des choses tristes de l’Émigration…

C’est dans ce milieu sympathique que François donna une nouvelle édition des Dernières Années de Louis XVI qui suscita l’enthousiasme général et sut plaire aux cœurs sensibles. Il y retraçait en termes corrects et émus l’histoire de la Révolution française.

Ses travaux ne l’empêchèrent pas de continuer auprès de Louis XVIII ses fonctions de premier valet de chambre qu’il avait reçues à Hartwel et son nouvel office de trésorier de la maison du Roi. Dès lors, il fut le dispensateur des aumônes du souverain. Elles étaient nombreuses ; aussi bien la tâche était-elle souvent malaisée et le labeur incessant.

Un titre de baron fut, en 1816, la récompense de ses nombreux services. Ce fut la dernière faveur que lui accordèrent les Princes. Il devait bientôt quitter à jamais la Cour. L’automne de l’année 1818 acheva de miner sa santé délabrée par les émotions et les misères de la captivité et de l’exil. Chaque jour, il s’affaiblit davantage, attendant avec confiance, dernière illusion du malade, la guérison prochaine et les joies du printemps. Un coup terrible devait bientôt le frapper. On lui dissimulait, à l’accoutumée, les feuilles publiques qui donnaient de ses nouvelles,