Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/222

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dement, puis, imprimé dans plusieurs journaux, enfin on a affirmé à la tribune de l’Assemblée nationale, que la Reine avait fait passer à Vienne et donné à l’empereur des millions sans nombre ; calomnie atroce qu’un député du clergé a victorieusement détruite. Les factieux, continuait le Roi, ne mettent cet acharnement à décrier et à noircir la Reine que pour préparer le peuple à la voir périr : sa mort est résolue. En lui laissant la vie, on craindrait qu’elle ne me vengeât. Infortunée princesse ! Mon mariage lui promit un trône ; aujourd’hui quelle perspective lui offre-t-il !

» En prononçant ces derniers mots, le Roi me serra la main et laissa échapper quelques larmes.

» La veille, le Roi m’avait demandé si j’avais rencontré dans les environs du Temple la femme blanche. « Non, Sire, lui répondis-je… »

» — Eh quoi ! répliqua-t-il en souriant, vous ne savez donc pas que, suivant le préjugé populaire, lorsqu’un prince de ma maison va mourir, une femme vêtue de blanc erre autour du palais ?

» Quand malgré les soins de mes collègues et les miens, le fatal jugement eut été prononcé, ils me prièrent de prendre sur moi la douloureuse commission de l’annoncer au Roi. Je le vois encore ; il avait le dos tourné vers la porte, les coudes