Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/26

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où l’on vivait encore, disait-elle, pour « son Dieu et pour son Roi ».

Ces entretiens, nous les conserverions précieusement dans l’intimité familiale s’ils ne contenaient quelques menues bribes de notre histoire de France que chacun a le droit et le devoir de connaître.

Luttant donc contre la marée montante de l’oubli, nous voudrions transcrire ici ces anecdotes qui demeurent, en notre mémoire, intactes et fidèles et deviennent friandes à connaître à mesure que les temps nous en éloignent.

Mariée en 1828, madame Hüe n’avait pu connaître le roi Louis XVIII, que son beau-père et son mari avaient si fidèlement servi ; mais, maintes fois en ses entours on lui avait fait le récit des choses qui suivent. C’est donc à elle que nous laisserons ici la parole :

« Quand après mon mariage, j’arrivai à Saint-Cloud, je fus frappée de ce que le roi Louis XVIII n’y eût pas légué d’aussi sympathiques souvenirs que ceux auxquels il avait droit. Mon mari lui-même, qui, élevé avec Louis XVII, n’avait guère quitté « Nos Princes » depuis son enfance, ne cessait d’exalter les qualités de la plupart d’entre eux, et leur avait voué le plus profond attachement ; mais quand je l’interrogeais sur la valeur morale du défunt roi, un léger nuage obscurcissait son front. »

Et parfois, quelque allusion lui échappait sur ce je ne sais quoi d’inquiétant, de mystérieux et de « fermé » qui caractérisait la personnalité royale.

« Il était malaisé de pénétrer les secrets du roi