Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/27

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Louis XVIII. Jamais prince ne posséda mieux la maîtrise de soi, l’art de dissimuler ses pensées et de céler ses émotions au public. »

Cependant le roi Louis possédait, quand il voulait plaire, les dons les plus séduisants du monde. Au contact de la cour de Louis XV, il avait puisé les trésors de la vieille courtoisie française, auxquels s’ajoutaient chez lui les dons d’un esprit naturellement poli. Sa Majesté possédait l’heureux secret de formuler d’heureuses phrases, et de mettre en valeur les grâces qu’il accordait :

Certain jour de l’an, comme François Hüe faisait auprès de lui son service et lui présentait ses vœux, le Roi lui répondit en riant :

— Tout le monde m’apporte des souhaits aujourd’hui, mais personne ne m’apporte d’étrennes. Aussi bien, ai-je voulu m’en offrir moi-même ! Je m’accorde, ce matin, un bon trésorier de ma cassette… Et, bien entendu, c’est sur vous, mon ami, que mon choix s’est arrêté !

N’était-ce point là quelque chose de spirituel et d’affable ? La baronne Hüe nous rapportait aussi le trait suivant qui, s’il n’est point amplifié par la tradition, se passe de tout commentaire.

Malgré les rigueurs de l’exil, Hüe y aurait amassé au Roi quelque économie dont il lui ménageait la surprise lors de son retour de France. L’épargne aurait été considérable. On parlait de six millions.

En lui annonçant cette nouvelle, Hüe causa à Louis XVIII la satisfaction la plus grande.