Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/28

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— Comment ! se serait écrié le roi, je suis si riche ! Vous m’étonnez, monsieur Hüe. Eh bien, remettez donc cette somme à M. de***. Il en a plus grand besoin que moi !

Il s’agissait d’un grand seigneur, fort attaché à la famille royale et complètement ruiné par la Révolution.

On rapporte, dans la famille Hüe, une autre anecdote du même genre, dans le récit de laquelle il convient de voir, chez le roi Louis XVIII un cas d’amnésie vraiment regrettable.

À la fin d’une année, Hüe lui remettait une avance d’une centaine de mille francs. Toujours généreux, le Roi, touché de l’ordre que Hüe apportait au souci de ses affaires, le priait de garder cette somme pour lui-même.

Mais, sur ces entrefaites, il se mettait à une table de jeu, genre de distraction qu’il chérissait beaucoup.

La chance ne lui était pas favorable, et, quand vint le soir, la perte de Sa Majesté était fort grosse.

— Hüe, s’écria-t-il alors, veuillez donc momentanément m’avancer la somme que je vous ai octroyée. Je vous la restituerai plus tard…

Or, le « plus tard », dit-on, n’arriva point.

L’apparente froideur du Roi, dont nous entretenait la baronne Hüe, cachait un caractère bouillant et vif, auquel le souverain donnait de larges échappées quand, ayant dépouillé la grandeur royale, il rentrait dans l’intimité du chez soi. « Mon mari, nous disait-elle, qui l’accompagnait dans ses appartements