Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bruit sourd et confus de la populace qui s’agitait dans tous les quartiers, imprimaient l’effroi dans les âmes.

Dès lors, tout changea dans l’intérieur du château. Le calme apparent qui y régnait dégénéra en agitation. La Reine, elle-même, commença à craindre que les inquiétudes qu’on lui avait confiées pendant la première partie de la nuit ne fussent vraiment fondées.

On allait, on venait et l’on pensait enfin à prendre quelques mesures de défense. Le Roi, il est vrai, avait consenti, quelques heures plus tôt, à faire occuper les Tuileries et le Pont-Tournant par seize détachements de la garde nationale et à faire retrancher dans le palais le régiment des gardes suisses, tandis que les abords en étaient gardés par la gendarmerie.

Ce fut dans ce moment que la Reine, sortant de la chambre du Roi, où tous deux s’étaient enfermés quelques instants, fit appeler le baron de Viomesnil[1] et M. de Clermont et, les faisant asseoir à ses côtés dans l’angle du cabinet du conseil, leur dit ces mots :

— Écoutez… Vous êtes deux honnêtes gens

  1. Maréchal de camp, par décret du 3 janvier 1770.