Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/74

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— Ils n’oseront pas ; répliqua la Reine, d’un ton ferme et fier, qui imposa silence à son interlocuteur.

Les nouvelles, cependant, devenaient de moment en moment plus alarmantes. On commença donc à prendre de l’inquiétude. Trois ou quatre fois, dans le courant de la nuit, la Reine, doutant toujours de l’audace du peuple, questionna M. de Clermont pour connaître son opinion personnelle à cet égard. Pressé de questions, M. de Clermont lui avoua qu’il craignait les événements et ne doutait pas que le peuple ne se portât aux plus grands excès. Elle eut l’air de n’y pas croire et de trouver ses craintes puériles et ridicules, mais Madame Élisabeth parut plus persuadée.

Vers minuit, on entendit battre le rappel dans toutes les sections, et enfin le tocsin sonna aux Cordeliers. C’était l’annonce officielle de l’insurrection, puisqu’il avait été déclaré, la veille, que si la déchéance du Roi n’était pas prononcée à minuit à l’Assemblée nationale, on réunirait le peuple au son du tocsin dans les quarante-huit sections, pour marcher vers l’Assemblée et le château. Répété par tous les clochers de Paris, le son lugubre et sinistre, mêlé au