parlé pour t'avoir trop ouï.
Que doit faire un Valet qu'obéir à son Maître ?
C'est toujours de ce vent que tu viens me repaître.
Un ordre si mortel et si précipité, 10 Eusse dû être au moins plus tard exécuté.
Le Maître commandant ce qui lui est contraire,
Le Serviteur l'offense en voulant lui complaire ;
Et puisque je voulais sans prétendre un forfait,
À me désobéir mon vouloir était fait.
15 Un forfait, Monseigneur ! Où pourrait-il paraître
En cet acte conjoint du Valet et du Maître.
J'ai assez soupçonné qu'étant l'exécuteur
De cet ordre sanglant on m'en ferait l'auteur ;
Et qu'ayant obéi, pour toute récompense 20 J'aurais le repentir de mon obéissance ;
Mais enfin j'ai pensé dans tous mes embarras,
Que vous étiez mon chef et j'étais votre bras ;
Que le chef et le bras en ce fait de justice
Ont d'un effort conjoint exercé leur office, 25 Fit qu'au chef commandant on ne doit qu'imputer
Ce que le bras sujet ne doit qu'exécuter.
Ce n'est pas bien le prendre en cette conjoncture,
C'est beaucoup haranguer et ce n'est rien conclure ;
Tu veux philosopher ; mais ta comparaison 30 Peut éblouir le sens et non pas la raison.
Le bras comme instrument n'a qu'une vertu prête
D'obéir promptement aux ordres de la tête,
Et la tête a les yeux qui discernent l'objet
Pour y porter le bras aveuglément sujet. 35 Mais le Maître et le Valet tels qu'à présent nous sommes,
Considérés à part