font deux corps et deux hommes,
Si l'un d'eux s'égarait suivant le sens humain,
L'autre pour le dresser peut lui prêter la main :
Ce qu'un ne connaît pas, l'autre le peut connaître, 40 En quel cas le Valet peut corriger le Maître.
Et Sujet et Valet par une double loi,
J'ai cru qu'étant à vous je n'étais plus à moi ;
Et sans avoir des yeux où prendre connaissance,
Je vous devais en tout ma simple obéissance : 45 J'eusse même pensé que c'était vous trahir
De douter s'il fallait ne vous pas obéir.
Enfin tu me contrains, ô Serviteur fidèle !
D'espérer mon repos en l'ardeur de ton zèle ;
Mais en effet, dis-moi, veux-tu ce que » je veux
50 C'est mon entier dessein, ce sont là tous mes voux :
Tout ce qu'un Maître veut, un bon Valet l'approuve,
Et c'est à vous, Seigneur, d'en venir à l'épreuve.
Me voici (sans égard) prompt à tout hasarder,
Aussi prêt d'obéir que vous de commander.
55 Je ne sais quoi pourtant me donne quelque ombrage,
Et je crains de te voir faillir à ton courage.
Ne craignez point cela.
Je le crains, et pourtant
Je te veux confier un secret important,
Et saurai si ton dire est constant ou frivole 60 À te voir maintenir ou fausser ta parole.
Ma langue suit mon cour.
Je m'en assurerai