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Page:François d’Aure-Geneviève ou L'innocence reconnue tragédie, 1670.djvu/20

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font deux corps et deux hommes,

Si l'un d'eux s'égarait suivant le sens humain,

L'autre pour le dresser peut lui prêter la main :

Ce qu'un ne connaît pas, l'autre le peut connaître, 40 En quel cas le Valet peut corriger le Maître.

GOLO

Et Sujet et Valet par une double loi,

J'ai cru qu'étant à vous je n'étais plus à moi ;

Et sans avoir des yeux où prendre connaissance,

Je vous devais en tout ma simple obéissance : 45 J'eusse même pensé que c'était vous trahir

De douter s'il fallait ne vous pas obéir.

SIFROY

Enfin tu me contrains, ô Serviteur fidèle !

D'espérer mon repos en l'ardeur de ton zèle ;

Mais en effet, dis-moi, veux-tu ce que » je veux

GOLO

50 C'est mon entier dessein, ce sont là tous mes voux :

Tout ce qu'un Maître veut, un bon Valet l'approuve,

Et c'est à vous, Seigneur, d'en venir à l'épreuve.

Me voici (sans égard) prompt à tout hasarder,

Aussi prêt d'obéir que vous de commander.

SIFROY

55 Je ne sais quoi pourtant me donne quelque ombrage,

Et je crains de te voir faillir à ton courage.

GOLO

Ne craignez point cela.

SIFROY

Je le crains, et pourtant

Je te veux confier un secret important,

Et saurai si ton dire est constant ou frivole 60 À te voir maintenir ou fausser ta parole.

GOLO

Ma langue suit mon cour.

SIFROY

Je m'en assurerai