Page:François d’Aure-Geneviève ou L'innocence reconnue tragédie, 1670.djvu/59

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Je lus tout le tissu de ses forfaits maudits,

Les verbaux, les rapports, les dits, les contredits,

En somme la Sentence abondamment pourvue 970 Des maux dont elle était atteinte et convaincue :

Mais au nombre infini qui fonda son Arrêt,

Je veux vous en dire un où gît votre intérêt.

SIFROY

C'est celui que j'attends que j'ai su de la bouche

De Clotilde, d'autant que c'est lui qui me touche.

L'AMBASSADEUR

975 Aux écrits du Procès, et l'extrait publié,

Votre Intendant, Seigneur, ne fut pas oublié.

SIFROY

Le traître !

L'AMBASSADEUR

Cette femme en déclara le crime,

Dont le juge me dit qu'il faisait plus d'estime

Par ce langage exprès que j'ai bien retenu, 980 L'ayant appris par cour : voici son contenu.

C'était en son bon sens, la Sentence étant lue,

Qu'elle usa de ces mots, d'une voix résolue :

Un infâme Valet d'une Dame d'honneur,

Fit l'achat de mon crime et fut mon suborneur ; 985 Trompa son Maître absent de son propre domaine,

Changeant la passion de son amour en haine :

Et craignant qu'au retour il se pût raviser,

Par l'art de mon Bassin me le fit abuser,

Faisant voir faussement son épouse divine 990 Souillée par le fait d'un Valet de Cuisine.

SIFROY

Ces termes sont obscurs, je n'y vois pas nommés

La Dame et le Valet par leurs noms exprimés.

L'AMBASSADEUR

Gertrude chez Rodolphe étant toute en déroute,

Au récit que je fis m'objecta même doute. 995 Je feignis de l'ouïr, et n'osai répliquer,