Page:François d’Aure-Geneviève ou L'innocence reconnue tragédie, 1670.djvu/84

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Je vous exposerai le fonds de notre cause.

CLOTILDE
GERMAINE

le veut bien, je suis sa caution.

GERMAINE

.

Je reçois à garant votre discrétion.

OTHON

1545 Madame, vous savez comme dans les armées

Où les Maures ont vu leurs forces consommées

Aux faits dont Monseigneur s'est si bien acquitté,

Et votre époux et moi ne l'avons point quitté.

Au retour, ignorant le déloyal ménage 1550 De son traître Intendant, il fit son mariage

L'épousant à Gertrude ; et rendant assouvi

Par elle des grands biens qu'il avait poursuivi :

Et pour l'amour de lui regardant sa nourrice,

Il voulut que sa fille acceptât mon service. 1555 Je crus que je serais pleinement assorti

De ce qu'il me fallait possédant ce parti :

Et dehors fis la cour à cette Demoiselle ;

Je lui fus assez beau, elle me fut très belle

La fréquentant depuis, ses bontés, ses beautés 1560 Me donnèrent beaucoup d'honnêtes privautés,

Dans lesquelles un jour j'entendis de sa bouche

Les maux que la Princesse a soufferts en sa couche :

Comme elle se servit en cette extrémité

De Sage-Mère au fruit qu'elle avait enfanté, [ 25 ] 1565 Le couvrant d'un lambeau de toile déchirée

Qu'on avait dans la Tour par hasard égarée ;

Et comme seulement pour modérer sa faim,

À peine avait-elle quelque morceau de pain.

CLOTILDE

Pourrais-je bien le croire ? Est-il vrai, ma

GERMAINE

 ?

GERMAINE

.

1570 Madame, je l'ai dit, et la chose est certaine.

CLOTILDE

Mon Dieu !