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Page:François d’Aure-Geneviève ou L'innocence reconnue tragédie, 1670.djvu/85

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OTHON

Pour m'en apprendre elle en savait assez.

Celle par qui Golo commettait les excès,

Était sa propre mère, affidée geôlière, [ 26 ]

Qui tenait sous ses clefs l'illustre prisonnière.

CLOTILDE, à

GERMAINE

.

1575 Sûtes-vous ses secrets ?

GERMAINE

.

Madame, je les sus,

Et les donnai aussi comme je les reçus.

Sans mentir, notre sexe est mort s'il ne babille,

Ma mère était bien femme, et j'étais bien sa fille.

OTHON

Enfin le Prince un jour apprit ces traitements, 1580 Et comme il en parlait j'en dis mes sentiments.

Depuis voyant Golo je lus en son visage

Des oppositions à notre mariage,

Soupçonnant que les faits me seraient découverts,

Il ne me regardait que des yeux de travers : 1585 Et voulant arrêter notre noce avancée,

Car

GERMAINE

(à son gré) m'avait été fiancée,

Il ne lui parlait plus que d'un ton renchéri,

Montrant un fiel couvert, comme j'appris d'Henri.

De plus cet arrogant paraissait hors de passe, 1590 Le Prince à son endroit changeait ses feux en glace,

Et s'échappant enfin d'un mouvement soudain ;

Ne le considérait qu'avec un grand dédain ;

Dont Golo s'effrayant, entra dans la pensée

D'éloigner avec sa foi sa femme et ma fiancée, 1595 Pendant que sa Nourrice en ce lieu sous les lois

D'une mort naturelle acheva ses emplois.

GERMAINE

.

Ma pauvre mère, hélas !

OTHON

Depuis cette retraite

Le Prince conviant à sa chasse secrète,