Page:François d’Aure-Geneviève ou L'innocence reconnue tragédie, 1670.djvu/91

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CLOTILDE

1735 Ce n'est que trop vrai.

HENRY

C'est ce que je disais,

Avouant librement la mal que je causais,

Que sans donner la mort à deux vues si belles,

Je les ai fait mourir par des morts plus cruelles.

Si j'eusse exécuté le furieux dessein 1740 De leur ôter la vie en leur perçant le sein,

Et puis accomplissant le devoir de nature,

Je les eusse couverts de quelque sépulture,

Ils seraient affranchis au moyen de deux coups,

De se voir dévorés et des Ours et des Loups. 1745 Je ne regrette pas de me voir les mains pures

De leur beau sang versé par des noires injures :

Mais mon cour se déchire à savoir leur malheur,

Je souhaite ma mort quand je pense à la leur.

CLOTILDE

Je reçois maintenant l'entière connaissance 1750 De votre assassinat, joint à votre innocence.

Le Prince comme vous par Golo fut trahi,

Ce sentiment fera que vous serez ouï.

Allons, ne pensons plus à cette pauvre Dame ;

C'en est fait, mon Henry, Dieu veuille avoir son âme.