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Aggrandit à la fois les trois règnes divers,
Dont sa triple puissance enrichit l’univers.

Si l’aigle, si des airs ce monarque barbare
Dans les alpes commun, dans la Vôge est plus rare,
C’est un tyran de moins ; et j’aime beaucoup mieux
Cet oiseau voyageur, qui va sous d’autres cieux[1]
Chercher, pendant l’hyver, des plages tempérées,
Mais qui par son instinct, revient dans nos contrées
Du printems, chaque année, annoncer le retour ;
Qui retrouve son nid sur une vieille tour ;
Dont la chasse et la pêche, également utiles,
Purgent la terre et l’eau des serpens, des reptiles :
La Cigogne, en un mot, symbole respecté
De ces soins caressans, de cette piété,
Réciproque lien des enfans et des peres.
Qu’à tous les cœurs bien nés ces images sont cheres !
Tuer ce bel oiseau fut un crime autrefois :
Il est sacré pour nous, sans le secours des lois.

Mais, d’objets en objets, votre œil passe sans cesse.
Ces lieux, d’où la nature a banni la richesse,
D’une active industrie empruntent le secours.
Des vallons sinueux parcourez les détours :
Vous verrez le travail, domptant tous les obstacles,
Et presque à chaque pas opérant des miracles.
Ces eaux qui, dans leur cours cent fois subdivisé,

  1. Les cigognes s’arrêtent souvent sur des rochers de ce département et des départemens voisins. Cérutti a dépeint, d’une manière très touchante, les soins qu’il a donnés longtems au nid d’une cigogne, qui ne manquait pas de venir chaque année, au chateau de Fléville assez près de Nanci.