Pourrais-je t’oublier, homme aimable et profond,
Ami de mon enfance, élève de Buffon,
Qui fus digne, sous lui, de peindre la nature,
Qui voulus avec moi chanter l’agriculture
Aux arts, à tes amis, à ta mère enlevé,
Et de ta gloire, hélas ! avant le tems privé ?
C’était toi, cher Bexon… ![1] ô destin déplorable !
Pour les Vôges, sur-tout, ô perte irréparable !…
Il eût peint son pays. Il l’aurait fait aimer…
Mais dois-je à mes regrets me laisser consumer ?
Je crois de cet ami voir l’ombre vénérée
Qui cherche dans mes vers sa patrie adorée,
Qui m’ordonne, en pleurant, d’achever mon projet,
Et fait grâce à mon style, en faveur du sujet.
Eh ! bien, je t’obéis, ombre à jamais chérie.
Tu pouvais, mieux que moi, célébrer la patrie ;
Elle eût, sous ton pinceau, retrouvé ses couleurs.
Puissai-je, sur tes pas, y glaner quelques fleurs !
Avançons vers le sud, sa chaleur me captive.
Allons voir du Noirmont la belle perspective :[2]
De Langre et de Vesoul on découvre les tours ;
L œil croit suivre, à Lyon, la Saône dans son cours.
- ↑ Auteur du catéchisme d’agriculture, [ouvrage qui mériterait d’être réimprimé,] d’une partie de l’histoire des oiseaux, d’une histoire de Lorraine dont on n’a qu’un volume, etc. etc. Il est mort jeune.
- ↑ La montagne pyramidale qu’on appèle Noirmont, renferme le Clerjus, commune limitrophe de celles de la haute-Saône. On y jouit des points de vue les plus beaux, les plus étendus. Quand le tems est serein, avant le lever du soleil, l’observateur distingue le St.