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Consacra ses écrits, ses veilles obstinées.
C’est lui qui, de noyers élevés par ses mains,
À force de constance, orna nos grands-chemins.
Quel prix, de ses efforts, obtint-il ? des outrages,
Et la Cour de Nanci crut flétrir ses ouvrages.[1]
Les Membres ignorans de cette pauvre Cour
Étaient loin de penser que cet arrêt, un jour,
De ses nobles auteurs flétrirait la mémoire.

Au rang des bons esprits dont j’exhume la gloire,
Dois-je placer Gilbert ? Parmi nous était né
Du dernier jugement ce Chantre infortuné.
L’indigence altéra son cerveau pindarique ;
Il vendit au Clergé sa plume satyrique ;
Du talent le plus rare ô malheureux emploi !
Sa muse, fléchissant sous cette affreuse loi,
Contre la raison même abuse de ses armes ;
Mais ses derniers adieux nous font verser des larmes.[2]

    a écrit presque autant que l’abbé de St. Pierre, et dans le même genre. La plupart de ses rêves patriotiques ont été réalisés par la Révolution ; mais ses plantations n’ont pas été respectées. De ses nombreux ouvrages, il n’y a eu d’imprimé que celui dont il est question dans la note suivante.

  1. L’essai de ce Curé raisonnable, sur les moyens de rendre les religieuses utiles, en supprimant leurs dots, fut imprimé à Neufchâteau, chez Monnoyer, sans nom d’auteur, en 1767. Le Parlement, qui s’appelait fastueusement la Cour souveraine de Lorraine, décréta l’imprimeur. L’Auteur se nomma. Il le devait ; mais c’était, alors, un grand acte de courage.
  2. Allusion à des vers très-touchans de Gilbert, qui seront rapportés dans une note plus étendue, à la suite de ce Poëme.