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On retrouve partout la nation fameuse
Qui subjugua le monde et qui sut y laisser
Des traces, que le tems ne saurait effacer.
Le tems respecte ici le pavé de ses routes,
Le ciment de ses murs, la brique de ses voûtes.
Non loin des lieux chéris où je fus élevé,
Du sage Julien le camp s’est conservé.[1]
Gran, d’un cirque superbe offre encore l’enceinte ;[2]
Des bronzes qu’on y trouve on admire l’empreinte.
Rome n’est plus dans Rome. Après seize cents ans,
Elle est dans nos sillons, pleins de ses monumens.
De son soc étonné, le laboureur les heurte.

Les Vôges, par degrés, aux rives de la Meurthe,
S’abaissent, vers le nord, en des lieux fortunés,

    suite au-dessous du jardin de l’hôpital de Neufchâteau, où elle forme un grand bassin. Le Mouson, petite rivière qui se joint à la Meuse, se perd également dans des bans de rocher, et ressort par des souterrains. Ces disparutions des eaux sont communes dans nos montagnes. Chappe et Guettard en ont parlé.

  1. À quelque distance de Neufchâteau, sur une hauteur, on trouve, dans un bois, des traces d’un camp retranché. On croit que c’est le camp de cet Empereur
    philosophe, que les prêtres chrétiens ont nommé l’Apostat. Dans les environs, la chaussée romaine de Langre à Toul, subsiste en partie.
  2. On a trouvé à Gran des vestiges sensibles d’un grand amphitéâtre, et bien d’autres antiquités. Ces ruines immenses, les médailles du haut empire, les débris de colonnes, les armes anciennes, les conduits souterrains, les briques, les tuiles antiques, tout annonce que Gran a été autrefois une ville importante. (Calmet, notice de la Lorraine, tom. 1 in-fol.).