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correspondance aisée aurait rapproché les rivages des deux mers opposées. Ce projet excita l’envie d’Ælius Gracilis, Légat de la Belgique. Il fit craindre à Vetus de donner de l’ombrage au soupçonneux Néron, sous prétexte que ce projet aurait l’air de vouloir porter les légions qu’il conduisait, dans une province étrangère à son commandement, et de cacher peut-être des vues ambitieuses sur les régions de la Gaule. C’est par de telles craintes, ajoute le profond Tacite, que les plus grandes entreprises ont toujours échoué.

L’Auteur d’un bon mémoire couronné à Châlons en 1783, parle ainsi de cette entreprise :

« Je ne lis jamais Tacite qui nous a instruits de ce magnifique projet, qu’avec le regret qu’il n’ait pas été exécuté, et qu’avec le désir de le voir un jour revivre. Il est cependant d’une exécution très-facile. Cette communication considérée civilement et militairement, est une des plus importantes qu’on puisse faire. Quels biens elle verserait dans vos campagnes ! Elle transporterait, commodément en tems de paix et sans danger en tems de guerre, toutes les productions de la terre et toutes les forces de l’Empire. »

On ne saurait se refuser le plaisir de transcrire le texte de Tacite, dont on vient de rendre le sens.


Quietæ ad id tempus res in Germaniâ fuerant, ingenio Ducum, qui pervulgatis triumphi insignibus, majus ex eo decus sperabant, si pacem continuavissent.

Paullinus Pompeius et Lucius Vetus eâ tempestate exercitui præerant. Ne