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GUIDE DU BON SENS

nous reprendre, de nous arrêter à temps ; la luxure a ceci de terrible qu’elle se présente à nous sous l’aspect aimable et inoffensif des Jeux et des Ris et comme si les Jeux et les Ris voulaient seuls nous entraîner dans leur ronde ; quand nous nous apercevrons de quelle ronde macabre il s’agit, quand nous en reconnaîtrons le rythme implacable, il sera trop tard…

POLYDOXE. — Que vous êtes sombre, cher Eudoxe, et n’est-il pas dit : « À tout péché, miséricorde », qui signifie qu’il n’est entraînement auquel on ne résiste, péchés ou vices dont on ne finira par se corriger ?

EUDOXE. — Oui, à condition que persiste en nous quelque chose de sain, comme l’arbre mutilé sur lequel on verra surgir et verdir des pousses nouvelles, pour peu que le Printemps, divin médecin, y découvre encore et puisse y réveiller la moindre sève. Ici, toute sève est bien tarie, comme est abolie toute santé. Un être sain physiquement, on peut toujours espérer qu’il réagira contre sa déchéance morale, qu’il récupérera un jour ou l’autre l’équilibre nécessaire. Par la luxure, le physique est atteint autant que le moral, et en même temps ; c’est pourquoi plus que toute autre, elle est, je le répète, l’ennemie du bon sens à qui elle supprime tout moyen