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GUIDE DU BON SENS

tout la liberté par ses restrictions et par ses limites.

C’est seulement le captif que nous entendons s’écrier à sa sortie de prison, du moins dans les romans d’aventures : — « Libre !… enfin libre !… je suis libre !… » Et il est fort probable que le passant qui, dans la rue, se targuerait ainsi de sa liberté, proclamant de même : « Je suis libre !… », provoquerait l’étonnement inquiet des autres passants, et une méfiance singulièrement attentive de la part des sergents de ville.

On ne remarque pas que l’on est libre ; l’important est de se sentir libéré.

Et même, cette liberté que l’on appelait de vœux si ardents tant que l’on en était privé, et qui vous apparaissait alors tout auréolée de promesses, de possibilités merveilleuses, combien de fois aura-t-on pu constater que celui qui l’avait enfin ou obtenue ou retrouvée semblait en être presque embarrassé ?

À l’Exposition Universelle de 1889, une reconstitution ingénieuse et pittoresque de la Bastille comportait cette attraction, bien propre à séduire et réjouir les libres citoyens français, qui se targuent d’être les héritiers des grands libérateurs de 89, et qui en voyaient l’annonce rédigée en ces termes alléchants :

— « Tous les jours, à trois heures, évasion de Latude. »