penser ou moins, ou plus, qu’aura-t-il besoin de le dire ?
Mais si la consigne est de se taire, c’est donc que je ne suis pas libre ? Tu es libre de penser, encore une fois, mais non de parler ; et si consigne il y a, c’est le bon sens qui te la donne, le bon sens ami de la liberté, mais d’une liberté qui signifie quelque chose, et qui serve à quelque chose, bref qui ne soit pas uniquement une attitude dont on étonne le public, une formule creuse que l’on fait sonner.
Ce mot de liberté, on affecte de le prononcer et on le prononce neuf fois sur dix d’un air provocant, avec un accent de révolte. Si tu n’es pas libre, crois-tu que ce soit le plus sûr moyen de le devenir ? Et si tu es libre, je ne vois pas qu’il y ait là de quoi tant crier et te vanter.
La vérité est que tu n’es jamais libre, mais l’esclave d’un simulacre de liberté. Cette liberté, dès que tu t’imagines la tenir, ton premier soin ne sera-t-il pas de lui imposer des défenseurs, avec ordre de la défendre ? Non seulement il sera défendu de l’attaquer, mais défense même de n’en point user à son gré : tu n’es pas libre de ne pas être libre sous le règne de la liberté ; l’expression suffisamment te l’indique : la liberté règne…
À force de répéter que la liberté est le plus grand des biens, on finit par le croire, sans se rendre compte que c’est encore une habi-