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Page:Franc-Nohain - Guide du bon sens (1932).djvu/119

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GUIDE DU BON SENS

pensent pas comme nous, c’est la liberté de penser.

Il faudrait d’abord être sûr que notre pensée peut être libre d’évoluer dans notre cerveau, autrement que les aiguilles sur le cadran d’une montre, qui effectuent, en effet, librement, toutes seules, le tour du cadran, à condition que l’on n’ait pas oublié de remonter la montre, à condition aussi qu’aucune poussière ne se glisse dans le mécanisme, qu’aucun choc ne fausse le ressort.

Et qu’importe, au demeurant, que ces aiguilles tournent ou ne tournent pas, s’il n’y a pas ou si nous ne voyons pas les indications du cadran auxquelles correspond leur course ?

Sous la réserve de la liberté de notre volonté elle-même, qui est un tout autre problème, nous sommes toujours libres de penser ce que nous voulons ; où les difficultés commencent et les choses se gâtent, c’est quand il s’agit d’exprimer ce que nous pensons, et surtout de traduire nos pensées par des actes.

Celui qui obéit à un ordre et n’en pense pas moins, à condition d’obéir en silence peut bien penser tout ce qu’il voudra, en effet ; il est seulement souhaitable pour sa liberté qu’il n’accompagne pas son acte d’obéissance d’une parole de protestation d’ailleurs platonique : — « Je n’en pense pas moins !… » Pour en